Christophe Pichon est la huitième génération de la Maison. Après 40 ans dans le métier, il le confirme, être céramiste est une passion. Alors qu’il se destinait à devenir cuisinier, la vie en a décidé autrement… Christophe explique son métier.
Christophe, depuis quand exercez-vous ?
J’ai commencé le métier quand j’avais 17 ans. Ça fera 40 ans en septembre 2022.
Petite anecdote : je devais faire une école de cuisine. Je voulais faire cuisinier. Ma grand-mère nous préparait des plats lyonnais que j’adorais. Je pense que c’est de là que venait mon envie de faire cuisinier. Mes parents m’avaient trouvé une école à Castelnaudary avec un maître d’apprentissage dans un restaurant à Paris.
C’est un peu à l’insu de mon plein grès que j’ai fait de la poterie, ce sont mes parents qui ont dû me dire, petit à petit surement, et tout en gentillesse que c’était dommage, que j’étais la 8ème génération. Ils ne m’ont pas du tout forcé, sinon je me serai bloqué. Ils l’ont fait très intelligemment et j’ai capitulé.
Comment avez-vous été formé au métier de céramiste ? Êtes-vous allé à l’école ?
Il y avait des écoles à l’époque, mais j’ai fait l’école de la vie. On apprend sur le terrain, quand il y a un problème, on n’apprend pas à le résoudre à l’école.
Il faut aller à l’école, c’est important, mais les problèmes que l’on a, ce sont des problèmes de la vie. Je suis donc allé à l’école de la vie des potiers, avec ma famille.
Ma mère faisait les corbeilles, pendant que mon père me formait à l’émaillage, au tournage : avec la calibreuse. Ce n’était pas un tour électrique comme aujourd’hui, il y avait un disque en bois avec une barre en fer. Je posais les assiettes sur le petit disque et je faisais tourner le disque avec mon pied. Je disais aux copains : j’ai fait tellement d’assiettes aujourd’hui que si je cours, je vais tourner en rond, j’ai une jambe plus musclée que l’autre.
Céramiste, potier, quelle(s) différence(s) ?
Potier et céramiste, nous travaillons tous deux la terre, l’argile.
La différence réside dans le fait que le potier fabrique des pièces utilitaires (des pots à l’origine) alors que le céramiste peut réaliser aussi bien des pièces utilitaires, que des objets de décoration, par exemple. Peu importe la forme.
Le céramiste est un potier mais le potier n’est pas nécessairement un céramiste.
Quelle terre travaillez-vous ?
Ici, on travaille avec de l’argile très pure et élastique. C’est pour cela qu’on a des couverts étincelants, c’est aussi grâce aux émaux mais encore plus grâce à la qualité de la terre. Des clients me disent que nous avons des couleurs pétillantes et je leur réponds que c’est grâce aux supports : la terre choisie. Notre terre est si pure qu'elle est blanche donc l'émail ressort bien.
A l’origine, la terre est grise, puis après la cuisson, le biscuit est ivoire.
Le métier de céramiste, une passion ?
Après 40 ans de profession, oui je peux dire que c’est une passion. Je n’ai jamais eu de la vie de remise en question ou de doute quant à mon métier. J’ai tenu dans des moments où personne aurait tenu. Tout le monde me le dit : je faisais 12h par jour et je n’avais pas de salaire, pendant environ 6 ans.
La vie est un cycle pour tout, nos métiers passent par des cycles. Il y a de bons moments, puis des moments difficiles, plus ou moins longs. C’est un cycle.